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L’effet Dunning Kruger

Par Eric Le Bihan

Je suis tombé en début d’après-midi sur un article de Ross Johnson sur le blog http://3.7designs.co/ et je ne doute pas que vous avez déjà rencontré, comme la plupart d’entre nous, ce genre de situation sans pouvoir lui associer un nom. Ceci étant la version française de l’article A humbling observation on the state of web designers. A noter que cet article est composé d’un extrait de l’article What’s in a name: The duality of user experience d’Andy Budd comme mentionné.

Aujourd’hui, la grande majorité des sites est encore conçue et construite par des généralistes de talent, et il n’y a absolument rien de mal à cela. C’est juste que certains des sites les plus importants et les plus complexes requièrent des équipes composites de spécialistes sur un domaine précis. Des experts en catégorisation des informations, en interaction homme-machine ou en conception d’interface. Ils ont également besoin de personnes qui se spécialisent dans des langages de programmation spécifiques, bases de données, sécurité ou architecture des applications. L’histoire de tout progrès humain peut être mesurée par la spécialisation d’individualités au sein d’un groupe, et je vois cela comme une bonne chose.

Nous avons donc ce paradoxe étrange que le terme webdesign puisse être utilisé à la fois pour décrire un novice et un expert, un néophyte et un maître. C’est là que l’effet Dunning-Kruger entre en jeu. Si vous n’êtes pas familier avec ce concept c’est l’observation que les novices souffrent de l’illusion de supériorité et ont tendance à sur-évaluer leurs compétences par rapport à celles des experts parce qu’ils ne comprennent pas pleinement l’ampleur du champ qu’ils doivent maîtriser. Ou pour utiliser un aphorisme souvent cité, «ils savent ce qu’ils savent, mais ils ne savent pas ce qu’ils ne savent pas ». Par comparaison, les experts ont tendance à en savoir plus, mais sont aussi plus conscients de ce qu’ils ne savent pas, ce qui a pour conséquence de les rendre moins sûrs de leur expertise.

NDR :

L’effet Dunning-Kruger décrit un phénomène selon lequel les moins compétents dans un domaine surestiment leur compétence alors que les plus compétents auraient tendance à sous-estimer leur niveau de compétence.

Se référer à l’article wikipedia qui décrit les observations qu’on pu faire David Dunning et Justin Kruger : Effet Dunning Kruger.

En résumé :

  1. la personne incompétente tend à surestimer son niveau de compétence,
  2. la personne incompétente ne parvient pas à reconnaître la compétence dans ceux qui la possèdent véritablement,
  3. la personne incompétente ne parvient pas à se rendre compte de son degré d’incompétence,
  4. si un entraînement de ces personnes mène à une amélioration significative de leur compétence, elles pourront alors reconnaître et accepter leurs lacunes antérieures.

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9 commentaires

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Lol pas besoin d’expliquer 4 fois (oui oui j’ai compté).

Dans le même genre la page wikipedia sur les biais cognitifs apprend beaucoup. :)

Le 09 Nov. 2011 à 22h30 par Maarx

Totalement d’accord !
Mais qui n’est jamais passé par cette étape ? Croyant avoir fait le tour et voyant ensuite qu’il reste tellement de chose à approfondir…

Le 17 Nov. 2011 à 16h20 par Hammer

Article vraiment instructif. Je ne connaissais pas le nom de cet effet. Je ne connaissais que le terme « c’est ceux qui en parlent le plus qui en savent le moins » car les experts sont plus facilement des « sages » qui vont mesurer chacun de leur propos.

Le 31 Mar. 2012 à 16h29 par Tony

Pour ma part je ne suis pas tout à fait d’accord je m’explique :
On peut être tres compétant dans un domaine et conscient de ses faiblesses hors le manque de confiance en soit entrant en jeu on se sent obligé de surestimer ses compétences de peur que celles-ci ne soient pas reconnus non ?

Le 04 Mai. 2012 à 20h02 par NiKo

[…] Le besoin de reconnaissance est tel chez les intégrateurs que j’ai pu côtoyer dans ma vie professionnelle, que je suis prêt à me demander s’il n’y a pas un profil psychologique particulier pour ce métier, à ce point là c’est pathologique. Non mais vous en connaissez vous des intégrateurs qui ne râlent pas, qui ne se sentent pas incompris, ou reconnu à leur juste valeur ? A croire qu’en entreprise on s’acharne sur eux ! Alors que ces types sont des experts dans leur domaine, on continue à ignorer nombre de leurs recommandations en matière de conception d’interface ! Pire en leur mets dans les pattes des chefs de projets persuadés d’en connaitre autant si ce n’est plus qu’eux (voir l’effet Dunning Kruger) […]

Le 06 Sep. 2012 à 15h20 par La vie des intégrateurs, chapitre V : et plus si affinités… | Les intégristes

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